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dimanche 1 février 2015

Quid des élections en Grèce ?

Personne ne croit, y compris en Grèce, que TSIPRAS (36% des suffrages), qui a décidé de faire alliance avec la droite souverainiste (4,75 des voix), fera des miracles. Mais les grecs ont voulu rétablir leur fierté. Bien entendu, la défaillance de la Grèce n’est due qu’à elle-même, pas à l’Europe.

Le résultat des élections grecques n’a pas non plus modifié la position de la Commission européenne, J.C. JUNCKER affirmant que la Grèce a accepté deux plans d’ajustement, en 2010 et en 2012 pour un montant de 240 milliards, et qu’elle doit donc s’y tenir.

Concernant la répartition de la dette grecque, le FMI, qui a prêté 32 milliard d’Euros, et la BCE, pour 27 milliards d’Euros, sont des créanciers privilégiés puisqu’ils seront remboursés en priorité. Le FMI n’entend pas négocier ce prêt et souligne même qu’il a toujours été remboursé. La BCE a, quant à elle, reversé à la Grèce une partie  des intérêts qu’elle avait perçus et les traités européens lui interdisent d’aller plus loin. Les autres bailleurs de fonds, assureurs et banques notamment, qui détiennent 53 milliards d’Euros de la dette, ont déjà consenti un sacrifice de 70% sur la valeur des titres (107 milliards d’Euros). Enfin, 195 milliards d’Euros ont été consentis par les gouvernements européens, dont 141,8 milliards à un taux de 1,5% sur 30 ans qui ne peut pas être réduit. Les Etats ont également offert, en 2012, 10 ans sans intérêts à la Grèce. Bien entendu, la durée des prêts pourraient être allongée à 50 ans ou plus. Mais les négociations porteront certainement sur le solde des prêts accordés par les Etats, soit 53 milliards d’Euros.
D’autres assouplissements devraient suivre si la Grèce obtient un excédent budgétaire. M. JUNCKER a précisé récemment que la France doit elle-même entreprendre des réformes structurelles, notamment en droit du travail et sur le plan budgétaire, laissant entrevoir aussi de possibles sanctions.

Ce qui semble évident, c’est que les citoyens pensent qu’ils ne maîtrisent pas leur destin et cherchent à s’exprimer face au malaise (globalisation, épuisement des finances publiques…). D’où le repli national. Précisons aussi que le parti néo-nazi grec  devient la troisième force du pays avec plus de 6% des voix. Et n’oublions pas que la grogne à l’égard des élites se retrouve en Espagne, avec le mouvement Podemos, et même au Royaume-Unis, pourtant pas membre de la zone euro, et en Suisse.

Les citoyens européens se sentent éloignés de la communauté de destin dont parle Edgar MORIN. Les Etats et les institutions en général, nationales et européennes, pensent qu’ils savent mieux que les citoyens ce qui est bon pour eux et même ce qu’ils veulent ! Le vote est clairement influencé (on répète toujours qu’on doit expliquer aux citoyens avant de voter) et les autres, ceux qui osent voter différemment, sont stigmatisés, jusqu’à les faire voter à nouveau si le résultat n’est pas conforme. C’est de l’infantilisme, au mieux, de la manipulation, au pire.

L’Europe ne se fera pas contre les régions et les Etats. L’Europe ne se fera pas s’il existe une volonté de centralisation. C’est même tout le contraire. L’Europe a beaucoup fait pour le développement régional mais l’intérêt du citoyen a été oublié, quoi qu’on dise. Il est urgent qu’il retrouve sa place, au centre du dispositif européen.

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