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dimanche 18 janvier 2015

Et pendant ce temps là, pas de débat (démocratique) sur les accords transatlantiques !

Les accords transatlantiques, économiques et commerciaux (1634 pages !), entre l’Union européenne et le Canada ont été conclus le 26 septembre. Evidemment, les multinationales européennes et canadiennes applaudissent. Ces accords sont  considérés comme le « bac à sable » pour la négociation du traité transatlantique Europe-Etats-Unis (TTIP).
Le point litigieux : le règlement des différends entre investisseurs et Etats (ISDS). Les entreprises pourront ainsi contourner les juridictions nationales en s’adressant à des arbitres privés !
Par exemple, le producteur d’électricité suédois  (VATTENFALL) n’a pas hésité à attaquer la décision de Mme MERKEL de mettre fin au programme nucléaire. Il faut imaginer les milliards de pertes pour ce groupe ! De son côté, le pétrolier américain Lone Pine réclame, dans le cadre de l’ALENA, 250 millions de dollars en compensation de l'annulation de ses permis d'exploration de gaz de schiste par le Québec.
Les investisseurs disposent ainsi d'une arme redoutable pour contester les évolutions de la règlementation, même celles mises en œuvre en vertu de choix démocratiques. Et même si un tribunal d'arbitrage ne peut ordonner à un Etat de changer sa législation, des condamnations à des amendes de plusieurs millions ou milliards d’euros a de quoi décourager les Etats.
Le problème, c’est que ces accords sont tellement secrets qu’aucun débat n’a lieu. C’est une affaire de spécialistes. Et encore… Non seulement ces accords ne sont pas rendus publics mais l’arbitrage parait bien opaque, se substituant scandaleusement, il faut le dire, aux tribunaux.
L’Europe n’innove pas en la matière. Même si la législation européenne est censée renforcer la protection des consommateurs, notamment en matière de santé, le principe de la certification européenne demeure, à savoir que les fabricants décident eux-mêmes  des conditions à satisfaire pour garantir la sécurité des produits. En effet, le principe dans l’Union européenne réside dans la concurrence qui serait, au final, favorable au consommateur. Un comble lorsqu’on sait que même les américains ont fait des produits de santé une exception à ce même principe.
Certaines personnalités politiques, dont Corinne LEPAGE, n’ont de cesse de dénoncer ces accords. Mais point d’écho sauf lorsque c’est l’extrême droite, et ce n’est pas rassurant, qui s’emploie pour le faire.
Pourtant, l’accord Europe-Canada conditionne l’accueil qui sera fait pour l’accord transatlantique, entre les Etats-Unis et l’Europe (le TTIP) dont l’objectif est d’annuler les barrières douanières et favoriser les échanges dans les domaines des services et de l’industrie.
L’accord UE/CANADA doit maintenant être signé par les 28 chefs d’Etat et de gouvernement européens. Il sera intéressant d’observer le vote de l’Allemagne, dont le ministre de l’économie critique sévèrement ce mécanisme d’arbitrage.
La position française est plus floue et il est difficile de connaître clairement sa position.
Le Parlement européen devra ensuite s’exprimer sur le sujet avant que l’accord soit ratifié par les 28 Etats, ce qui promet desdébats houleux.
Une consultation a par ailleurs été organisée auprès de 150 000 citoyens qui se sont exprimés de manière négative sur le traité en négociation entre l’Europe et les Etats-Unis. Malgré tout, la Commission européenne maintient le cap de la négociation, indiquant qu’elle continuera ses consultations avec les autres institutions de l’UE et les parties prenantes, dont les citoyens ne font pas partie.
Paul de Clerck, responsable de la campagne sur le commerce aux Amis de la Terre Europe, a déclaré que «La Commission européenne montre son mépris total de ceux qui se sont mobilisés en masse pour exprimer leur opposition à un traitement de faveur pour les investisseurs dans les négociations UE-États-Unis en cours. Cette annonce est une preuve de plus que les négociations du TTIP sont un cheval de Troie dangereux des multinationales, au détriment de la protection essentielle des personnes et de l’environnement.»
Dans ces négociations, les citoyens européens sont méprisés, il faut bien dire les choses, laissés pour compte au profit des multinationales. C’est inadmissible et nous ne pouvons continuer à l’accepter. Les citoyens doivent se mobiliser et c’est leur responsabilité.

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