Alors que la Commission vient d’accorder deux ans
de plus à Paris pour ramener son déficit public sous les 3% du PIB,
l’Eurogroupe (les 19 ministres des finances de la zone euro), après trois
semaines de discussions crispantes, donne du bout des lèvres son aval pour une
prolongation de quatre mois de l’aide financière à la Grèce.
Le risque pour la Grèce était de se retrouver sans
soutien financier au 1er mars, les banques de ce pays pouvant alors devenir
insolvables.

Le principal de ces réformes concerne la lutte
contre l’évasion et la fraude fiscales. Aucun gouvernement n’a eu le courage
jusqu’ici de les mettre en œuvre alors qu’elles sont réclamées depuis 2010. Le
gouvernement en place promet également d’être plus scrupuleux sur les dépenses
publiques (notamment la santé et les aides sociales) et les dépenses de
fonctionnement. Les réformes des retraites et du droit du travail seront
approfondies.
Concernant les privatisations, pourtant la bête
noire du parti d’ultra-gauche, M. Tsipras s’engage à ne pas revenir sur celles
qui ont été engagées (dont celle du port du Pirée), et « à étudier
les privatisations qui n’ont pas encore été lancées, de manière à maximiser les
revenus que l’Etat pourrait en tirer ».
Les mesures pour venir en aide aux Grecs les plus
touchés figurent en toute dernière page de la liste. Le gouvernement prévoit de
répondre aux attentes et aux promesses électorales (fourniture d'électricité
gratuite à 300.000 familles, accès gratuit aux services de soins, distribution
de coupons alimentaires et compléments aux plus faibles, embauche dans la
fonction publique, rétablissement du treizième mois pour les retraités…), mais sans entrer dans les détails et en
précisant que ces politiques seront menées « en veillant à ce qu’elles
n’aient pas d’impact budgétaire négatif ».
Le gouvernement Tsipras évoque bien l’augmentation
du salaire minimum (une de ses principales promesses de campagne), mais sans
avancer de chiffres, ni d’échéance. Le gouvernement s’engage mais «l’augmentation
de ce salaire minimum et son timing seront décidés en concertation avec les
institutions européennes et internationales ».
D’ici à la fin avril, les Grecs et les Européens
vont devoir affiner la liste des réformes et continuer à travailler sur leur
faisabilité. Puis, jusqu’à fin juin, ils devront mettre en place les réformes.
Ce n’est qu’à l’issue d’une analyse de la situation sur place que le pays
pourra recevoir la dernière tranche d’aide qui lui revient dans le cadre du
plan d’aide (environ 7 milliards d’euros).
Si les partis d’opposition ont dans l’ensemble
salué l’accord, nombreux ceux qui accusent M. Tsipras de volte-face.
Au sein même de Syriza, le parti de la gauche
radicale, c’est-à-dire celui du premier ministre, les critiques affluent. Ainsi,
M. Glézos, eurodéputé et doyen de cette formation politique, connu pour avoir
décroché le drapeau nazi de l’Acropole lors de la seconde guerre mondiale, a
déclaré : « Plus d’un mois est passé et la promesse n’est toujours pas
transformée en acte… Pour ma part, je demande au peuple grec de me pardonner
pour avoir contribué à cette illusion ».
De même, le ministre du redressement productif, de
l’environnement et de l’énergie, M. LAFAZANIS, anti-euro bien connu, a
réaffirmé que « tout arrangement transitoire doit être compatible avec le
programme du gouvernement et ne pas nuire à son essence et à son orientation de
gauche radicale ».
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